Pachinian fait tout son possible pour entraver les investissements étrangers en Arménie

Par Harut Sassounian
Cet article analyse les conséquences de la décision de l’Institut d’arbitrage de la Chambre de commerce de Stockholm (CCS) concernant la nationalisation par le gouvernement arménien des réseaux électriques privés d’Arménie.
J’ai rappelé l’axiome suivant : « Les Arméniens n’ont pas besoin d’ennemis ; ils sont leurs propres pires ennemis » après avoir vu le Premier ministre Nikol Pachinian infliger d’immenses dommages non seulement à la sécurité et à l’intégrité territoriale de l’Arménie, mais aussi à son économie.
Le dernier fiasco financier en date a commencé le 17 juin, lorsque l’éminent homme d’affaires Samvel Karapetyan, double citoyen arméno-russe, a critiqué le gouvernement arménien pour sa campagne anti-église, affirmant qu’il interviendrait « à sa manière » pour mettre fin à la controverse. Réagissant de manière excessive aux propos de Karapetyan, le Premier ministre a déployé ses pouvoirs dictatoriaux – malgré son allégeance déclarée à la démocratie – et a ordonné son arrestation et sa détention provisoire.
Pashinyan a ensuite ordonné la nationalisation de Réseaux électriques d’Arménie (ENA), dans laquelle Karapetyan et ses partenaires avaient investi 700 millions de dollars lors de leur acquisition en 2015.
Les actions de Pashinyan ont plusieurs répercussions négatives pour l’Arménie :
– Il a violé les lois arméniennes en s’ingérant dans le système judiciaire, ce qui ne relève pas de sa compétence.
– Le 18 juin, il a exhorté sa majorité parlementaire à adopter une loi permettant l’expropriation d’ENA.
– Sur ordre de Pashinyan, la police a pénétré au domicile de Karapetyan à Erevan et a saisi des objets non spécifiés. Cependant, un juge a jugé la perquisition illégale.
– Il a ordonné l’arrestation de plusieurs dirigeants d’ENA sur la base d’accusations forgées de toutes pièces et la détention d’un membre de la famille Karapetyan.
— Le 18 juillet, il a nommé une personne inexpérimentée au poste de directeur intérimaire d’ENA, risquant ainsi de lourdes pertes financières, des perturbations de l’approvisionnement en électricité et une hausse des tarifs pour les consommateurs.
– Les Karapetyan (Samvel, Eteri, Sarkis et Karen) et leur partenaire chypriote, Liormand Holdings Limited, ont soumis leur litige à la Cour suprême, comme convenu précédemment avec le gouvernement arménien. Cependant, Pashinyan ignore désormais cet accord.
— L’arbitre d’urgence de la Cour suprême a rendu les décisions provisoires suivantes le 22 juillet :
« ORDONNE au défendeur [le gouvernement arménien] de s’abstenir d’appliquer les lois sur l’expropriation (à savoir la loi de la République d’Arménie portant modification de la loi sur l’énergie et la loi de la République d’Arménie portant modification de la loi sur l’Autorité de régulation des services publics) et de prendre toute autre mesure visant à exproprier ENA :
• Changer la composition des organes de direction d’ENA ;
• Modifier les statuts d’ENA ;
• Nommer un administrateur provisoire pour ENA ou, s’il est nommé, l’autoriser à agir en tant qu’organe exécutif d’ENA ;
• Révoquer les licences d’ENA ;
• Annonce et organisation d’enchères pour la vente des actions d’ENA ;
• Saisir ou céder les actifs d’ENA ;
• Limiter de toute autre manière les activités commerciales habituelles d’ENA. »
Bien que la sentence d’urgence soit contraignante, les propriétaires d’ENA demanderont à la Cour suprême arménienne une décision définitive dans les 30 jours. Si l’Arménie perd l’arbitrage final et confirme l’expropriation, le gouvernement devra verser près d’un milliard de dollars aux propriétaires d’ENA – une obligation que le gouvernement honorera, selon le ministre arménien de la Justice. Malheureusement, ce sont les contribuables arméniens – et non Pachinian – qui paieront la facture.
— Karapetyan, qui forme actuellement un mouvement politique anti-Pachinyan depuis sa prison, a vu sa cote de popularité grimper en flèche à l’approche des élections législatives de juin 2026.
— Suite aux actions illégales et irresponsables de Pachinyan, aucune entreprise étrangère ne se risquera à investir en Arménie, sachant que le gouvernement peut nationaliser ses actifs et ignorer les sentences arbitrales. L’ENA ayant un partenaire chypriote, son expropriation viole le Traité bilatéral Chypre-Arménie sur l’encouragement et la protection des investissements (TBI), ce qui mettra à rude épreuve les relations de l’Arménie avec le gouvernement chypriote.
Si le gouvernement arménien ne se conforme pas à la sentence finale de la Cour suprême, les avoirs étrangers de l’Arménie pourraient être gelés.
Outre le fait de dissuader de nouveaux investisseurs, l’Arménie ne peut se permettre de perdre des milliards de dollars dans ces affaires d’arbitrage en cours :
— Walnort Finance Limited, une société chypriote, réclame à l’Arménie 1,2 milliard de dollars de dommages et intérêts suite à un litige minier.
– Sanitek, une société libanaise, réclame 25 millions de dollars, alléguant que l’Arménie a violé ses droits d’investissement dans la gestion des déchets.
– Air Arabia, une compagnie aérienne émirienne, affirme que le gouvernement arménien a mal géré son investissement de plusieurs millions de dollars.
– D’anciens actionnaires de Lydian International Limited, dont le siège social est aux États-Unis, réclameraient jusqu’à 2 milliards de dollars de dommages et intérêts pour d’importantes pertes financières dans l’exploitation aurifère.
Le gouvernement arménien ne peut pas continuer à agir de manière aussi irresponsable et illégale sur le plan financier. Des experts chevronnés parmi les Arméniens de la diaspora sont prêts à offrir des conseils stratégiques. Les dirigeants arméniens n’ont qu’à demander et écouter.