French – Pourquoi Pashinyan ne se souvient-il pas du document qu’il a signé à la fin de la guerre de 2020 ?
Par Harut Sassounian
www.TheCaliforniaCourier.com
Il est incompréhensible que le Premier ministre Nikol Pashinyan oublie des détails importants du
document qu’il a signé avec le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev et le président russe Vladimir
Poutine, à la fin de la guerre d’Artsakh de 2020.
Ce qui est encore plus incompréhensible, c’est que, tout en déformant certaines dispositions de l’accord
de 2020, Pashinyan accuse d’autres de l’avoir mal interprété. De manière choquante, il les met ensuite
au défi de lire le texte de l’accord, leur rappelant qu’il est accessible au public.
Pashinyan a signé l’accord de 2020 qui prévoyait le déblocage de « toutes les connexions économiques
et de transport dans la région », mentionnant spécifiquement une route qui traversera l’Arménie pour
relier l’Azerbaïdjan continental à son enclave du Nakhitchevan. Depuis 2020, il a répété des dizaines de
fois que l’Arménie était prête « dès ce matin » à permettre aux Azerbaïdjanais de se rendre au
Nakhitchevan via l’Arménie, sans mentionner une seule fois, jusqu’à sa conférence de presse du 31
août 2024, que les Arméniens avaient également le droit de se rendre en Russie via l’Azerbaïdjan.
Heureusement, l’Azerbaïdjan a sapé cette disposition de l’accord de 2020 en insistant sur le fait que la
route qui traversera l’Arménie devrait être un « corridor », ce qui signifie que le territoire arménien que
les Azerbaïdjanais traverseront doit être sous le contrôle de l’Azerbaïdjan. Cela est contraire aux
dispositions de l’accord de 2020 et constitue une violation de la souveraineté de l’Arménie. Sans
l’obstruction d’Aliyev, les Azerbaïdjanais auraient déjà traversé l’Arménie pour se rendre au
Nakhitchevan depuis plusieurs années.
Pour couronner le tout, en raison du différend entre l’Arménie et la Russie résultant du fait que les
soldats de la paix russes n’ont pas rempli leur devoir de protection des Arméniens d’Artsakh et ont
permis à l’Azerbaïdjan d’occuper complètement l’Artsakh le 19 septembre 2023, Pashinyan a insisté à
tort sur le fait que la Russie n’avait aucun rôle à jouer dans la route de Zanguezour. Il ignore ainsi le
point 9 de l’accord qu’il a signé en 2020 qui stipulait : « Le service des gardes-frontières du Service
fédéral de sécurité russe sera chargé de superviser les liaisons de transport [entre l’Arménie et
l’Azerbaïdjan] ».
Pashinyan aurait pu être justifié de rejeter le rôle de la Russie s’il avait déclaré que l’accord de 2020
n’était plus valable car la Russie et l’Azerbaïdjan ont violé nombre de ses dispositions, comme le
manque de protection des Arméniens d’Artsakh, l’achèvement de l’occupation de l’Artsakh et le non-
retour de tous les prisonniers de guerre arméniens. Cependant, Pashinyan insiste sur le fait que l’accord
du 9 novembre 2020 est toujours valable, ce qui le contredit lui-même.
De plus, Pashinyan insiste à tort sur le fait que l’accord du 9 novembre 2020 ne mentionne aucun rôle
russe pour la route de Zanguezour. Il met tout le monde au défi de lire le texte de l’accord de 2020, puis
cite son point 9, en omettant la phrase qui demande que des gardes-frontières russes surveillent la route
entre l’Azerbaïdjan continental et le Nakhitchevan.
Pour ajouter à la confusion, après avoir insisté sur le fait que la Russie n’a aucun rôle à jouer dans cette
route, Pashinyan se contredit une fois de plus en affirmant que la Russie est censée « surveiller » la
route, et non la « superviser ». Pour rendre son argument plus bizarre, Pashinyan affirme que les
observateurs russes n’ont pas besoin d’être physiquement présents à la frontière de l’Arménie pour
surveiller la route de Zanguezour et qu’ils peuvent la surveiller à distance depuis n’importe où ailleurs,
comme Moscou.
En attendant, la route de Zanguezour est devenue un enjeu politique entre l’Azerbaïdjan, la Turquie,
l’Iran, la Russie et l’Occident. La Russie réclame depuis longtemps l’ouverture de la route de
Zanguezour, afin de pouvoir contrôler cette artère cruciale qui reliera les États turcs d’Asie centrale à
l’Azerbaïdjan et à la Turquie, jusqu’en Europe. Si l’Occident, au lieu de la Russie, supervise cette route
clé, cela réduirait l’influence de la Russie dans la région.
Pachinian a tenté d’apaiser toutes les parties impliquées dans cette controverse en annonçant
soudainement qu’une organisation internationale pourrait surveiller le transit des marchandises et des
personnes azerbaïdjanaises. Mais il a rapidement retiré sa proposition, car l’Azerbaïdjan n’aurait jamais
accepté que la même tierce partie surveille également le transit des marchandises arméniennes via
l’Azerbaïdjan.
L’Azerbaïdjan et l’Iran ont proposé une solution alternative. Ils ont accepté d’autoriser le mouvement
des marchandises de l’Azerbaïdjan continental vers le Nakhitchevan via une route du nord de l’Iran.
Bien que l’Azerbaïdjan et la Turquie aient fait pression sur l’Arménie pour qu’elle ouvre le « corridor
de Zanguezour », l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont mystérieusement décidé d’exclure la question de
Zanguezour de leurs négociations sur le traité de paix.
Après que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a accusé l’Arménie de saper la route
de Zanguezour, l’Iran a émis un avertissement sévère selon lequel il n’autoriserait pas la construction
d’un « corridor de Zanguezour » à travers l’Arménie. La Russie a rapidement aplani ses divergences
avec l’Iran et apaisé le conflit.
Cette situation désordonnée aurait pu être évitée si Pashinyan n’avait pas d’inclure la route de
Zanguezour dans l’accord de 2020. Voilà ce qui arrive lorsque le Premier ministre Pashinyan, au lieu
de résoudre les problèmes de l’Arménie, les aggrave à cause de son incompétence.